Algérie-Dr Said Chawki Chakour, économiste, Professeur à l’Université de Jijel, plaide pour un méga-ministère de l’Economie, regroupant dans une approche intégrée tous les ministères.
« Je suis favorable à un méga-ministère de l’Economie, qui repose non sur la somme des stratégies sectorielles, mais sur l’intégration de ces dernières. Avec à la clé le développement et la promotion des activités, en respectant les spécificités de chaque filière. »
A-t-il indiqué dans le postcad (vidéo) sur la page Facebook de Bilal Bouhadjar, qui l’a interviewé.
Précisant : « un méga-ministère de l’Economie, qui planifie et met en place des mécanismes assurant la faisabilité des projets à lancer. Ensuite, l’intégration se fera en alimentant des avancées réalisées dans un secteur (l’industrie), en amont et en aval, d’autres secteurs-clés, dont l’agriculture qui sera la locomotive du développement escompté. »
« Pour l’exemple, poursuit-il, en développant l’industrie, on aura à doter l’agriculture, en amont, en termes de mécanisation, notamment en outils de production, de stockage et de conservation ; en consolidant la place de la pétrochimie, c’est la plasticulture qui sera gagnante. L’industrie prospérée, c’est aussi la fabrication des pesticides, respect environnemental oblige, qui aura à renforcer l’agriculture, toujours en amont.»
Dr Said Chaouki Chakour, argumentera également en déclarant : « Quant à l’aval, c’est le développement de l’agroalimentaire ou agro-industrie qui bénéficiera de l’élan industriel. »
Il a, aussi, révélé que « la promulgation de la loi 87-19 (déterminant le mode d’exploitation des terres agricoles du domaine national et fixant les droits et obligations des producteurs, ndlr.) a durement affecté le statut des terres agricoles et, partant, dévalorisé l’agriculture, pourvoyeuse d’emplois et génératrices de richesses. L’agriculture, pour ainsi dire, a été privatisée. Et précisément, ce sont les grandes cultures, grandes productives de céréales, ainsi que le pastoralisme, l’économie rurale (transformée en économie tertiaire), qui ont depuis lamentablement régressés.»
Faisant dans l’autocritique, l’économiste soulignera que « même les experts se trompent en croyant qu’il suffit que chaque ministère ait sa propre stratégie pour que l’économie essore. »
Pointant également un doigt « le rôle qui est plus d’actualité, des spécialistes en sciences humaines et sciences sociales, pour faire le diagnostic et comprendre le comportement humain et du citoyen algérien. ». Il n’en demeure pas, selon lui, qu’il « faut respect l’avis d’expert. »
L’Etat doit agir en investisseur
Par ailleurs, Dr Said Chaouki Chakour, tient à signaler que l’économie demeure tributaire de la mise en synergie du couple ressources naturelles/ressources humaines. Et aussi, en garantissant l’équité territoriale. Il a, pour ce volet, donné un exemple pertinent : « Une étudiante de Mascara ou de erraguene (Jijel), qui a décroché son bac avec 18 de moyenne, n’a pas les mêmes avantages et chances qu’une autre de la commune d’El Biar (Alger). »
Rappelant aussi que sa wilaya d’origine Jijel a été lésée en matière de développement local. « Et n’en parlons pas du Sud algérien. C’est encore pire. »
Dr Said Chaouki Chakour, recommande également d’avoir une vision prospective, « qui ne fonctionne pas sur des statistiques, mais sur des actions d’investissement. Pour l’exemple, lors de la préparation de la saison estivale, des Assemblées populaires communales (APC), qui peinent difficilement à assurer la masse salariale de leur personnel, procédaient à des dépenses dans des opérations inhérentes à la réussite de cette saison. Mais ça aurait été mieux, si les municipalités pensaient en termes d’investissement, dont l’impact sur la population et l’économie sera positif.»
Il a, notamment, insisté sur l’écart temporel entre le cycle économique, plus long, et le cycle politique. « D’où l’impératif de revoir les prérogatives des walis, et surtout les mécanismes d’investiture des Assemblées élues. », a-t-il précisé, avant de poursuivre, « Il faut aller doucement. Il faut l’optimisation. Toute action, notamment la transition énergétique dont appellent beaucoup récemment, doit épouser les moyens politiques en place. Car comme dit-on, on doit avoir les moyens de sa politique. Et considérer les ressources humaines sont un acteur/sujet. »
Gouvernement plein de compétences
Toutefois, le Professeur à l’Université de Jijel, demeure optimiste, car la composante du nouveau gouvernement « regorge de compétences, qui agissent en concertation même avec des compétences hors de leur département, soit avec des universitaires soit avec d’autres d’institutions et organismes divers. »
Précisant davantage « le nouveau gouvernement se base notamment sur une approche participative, coordinatrice entre les ministères. Ce qui n’était pas le cas auparavant. ».
Dr Said Chaouki Chakour, a aussi, loué le bon comportement des Algériens, qui a viré le positif, ces derniers temps.
Ci-joint le lien de la vidéo https://www.facebook.com/bilal.boudjadar/videos/2857915997588419/
Dr Said Chaouki Chakour : En une action
A titre informatif, Dr Said Chaouki Chakour, a à son actif, parmi tant d’actions méritoires, la sortie de la première promotion de Doctorat LMD Economie des Services et Développement des Territoires (ESDT), composée de 9 étudiantes. Le Doctorat couronne le premier projet de Master en économie et gestion du tourisme en Algérie initié en 2008/2010 par la Faculté des Sciences Economiques et Commerciales et des Sciences de Gestion de l’Université de Jijel. Il est également l’aboutissement d’un partenariat avec deux laboratoires, le laboratoire de Management- Transport- logistique (LMTL, Université de Batna) et le Laboratoire Ville et santé (Université de Constantine). Cette promotion a bénéficié, à l’époque, d’une couverture médiatique publiée sur la revue Tourisme Magazine numéro 36 (TM 36), téléchargeable sur le site www.tourismemagazine-dz.com