APW-On a tendance à dénoncer le rôle insignifiant des députés et les dépenses englouties par leurs salaires et, aussi, l’inutilité des présidents des Assemblées populaires communales (P/APC) dans la hiérarchie politique locale, mais on oublie les présidents des Assemblées populaires des wilayas (P/APW).
En effet, la mission de contre-pouvoir que doit jouer le P/APW, étant le premier homme élu de sa wilaya et le deuxième après le wali dans l’échiquier politique, est rarement exécutée convenablement.
Dans les 48 wilayas que compte le pays, le P/APW est rarement sous les feux de la rampe pour dénoncer des anomalies de gestion du wali, mettre en exergue l’impact insignifiant de la visite d’un ministre, ou valoriser une action de rapprochement citoyen. Jamais il ne nous a été permis d’assister à une sortie du P/APW sans wali, au cours de laquelle il serait revenu sur les lieux de sa campagne électorale. Nous n’en avions même jamais entendu parler !
Sa ‘’communication’’ se contente de l’invitation de la presse pour assister aux sessions ordinaires de l’APW, chaque trois mois, et aux sessions extraordinaires lorsqu’elles sont programmées dans le cadre d’un événement exceptionnel (catastrophes naturelles, incendie, etc).
Lors des sessions, le P/APW donne l’impression d’être l’invité du wali, tellement c’est ce dernier qui dirige la session, prenant même la prérogative de faire taire les voix dissonantes de quelques élus, si elles viennent d’être entendues.
Le P/APW est souvent incapable de procurer la documentation (communications et rapports de l’Administration) au profit des journalistes, ces derniers usent de leurs connaissances pour en avoir des exemplaires auprès des élus APW !
Pour l’exemple, à Skikda, les P/APW ne sont qu’un organe d’enregistrement des décisions du wali. Rarement, on a vu, sauf durant le mandat El Islah (2002-2007), le P/APW faire front au wali, pour des actions relatives à l’intérêt de la communauté.
Un fait récurrent, notamment depuis la vague des scandales liés à la gestion de l’ère Bouteflika, est frappant : le pouvoir judiciaire a mis en prison walis et P/APC, rarement des P/APW !
L’extrapolation est encore édifiante à Skikda. Trois walis, dans l’ordre chronologique de leurs mandats, Mohammed Bouderbali, Faouzi Benhassine et Hajderi Derfouf sont en prison. Les P/APW qui les ont accompagnés n’ont été nullement dérangés. On dirait que leur absence a été pour beaucoup dans le fait que l’instruction judiciaire n’ait daigné les inscrire dans la liste des impliqués ou même des témoins !
Notre objectif en soulignant ces détails n’est pas d’inciter à mettre les P/APW en prison, mais seulement d’en rapporter les faits. Car il est impensable qu’un P/APW ne soit au courant des dépassements d’un wali ou même d’un P/APC !
Le P/APW est souvent dans l’incapacité de décrocher une audience publique aux walis, pour un face-à-face avec la société civile ou la presse. Chose qu’ont pu réussir quelques associations. Un paradoxe.
En fin de compte, qu’a fait le P/APW de Skikda, d’obédience FLN (mandat 2017-2022) pour Skikda ? Aux citoyens d’en juger.