C’est l’une des recommandations du 1er webinaire mensuel de l’Agence Africaine et Francophone de l’Intelligence Artificielle (AFRIA), qui s’est tenue la semaine écoulée, émise par Stéphane Amarger, directeur de l’Innovation et des Financements de l’IA. Parlant de la formation comme facteur clé pour le développement et la généralisation de l’IA en Afrique et dans l’espace francophone, Stéphane Amarger préconise de commencer par former les décideurs, et ce, afin que ces derniers puissent, à leur tour, imprégner gouvernés et subordonnées de l’usage de l’IA.
Une approche multipartite : citoyens, société civile et entreprises technologiques impliqués
Stéphane Amarger recommande également aux gouvernements africains de ” prendre l’initiative d’établir leurs propres lignes directrices et normes claires pour une IA responsable liée à la prise de décision économique et aux impacts et considérations uniques de l’IA dans l’élaboration des politiques économiques.”
IA : adossée à des politiques adaptées au contexte
Aussi, l’expert en IA prône :
- d’adopter une approche multipartite impliquant les citoyens, la société civile et les entreprises technologiques;
- d’inclure des perspectives, un financement et une assistance technique;
- de créer des politiques adaptées au contexte qui exploitent les avantages de l’IA tout en se protégeant de ses inconvénients potentiels.
“Enjeux et défis de l’IA en Afrique et dans l’espace francophone : vers une Afrique responsable et inclusive”
Stéphane Amarger est, avec Kévin Guei, Ambassadeur Diaspora de l’AFRIA et expert IA DE Guild4AI, et Joy Alokpo, Secrétaire exécutive de l’AFRIA, l’un des trois panélistes de la 1re édition des “Webinaires mensuels de l’AFRIA”. Il a présenté sa communication “Enjeux et défis de l’IA en Afrique et dans l’espace francophone : vers une Afrique responsable et inclusive”, en plaidant pour : “L’élaboration de processus des politiques économiques fondées sur l’IA” dans le cadre de l’IA responsable.
L’IA responsable : 4 grandes missions
Amarger scinde en 4 grandes actions les missions de l’IA responsable :
- donner la priorité à l’inclusion,
- relever les défis propres aux zones rurales et urbaines,
- combler les disparités entre les hommes et les femmes,
- renforcer les communautés marginalisées.
La langue française et l’IA
Stéphane Amarger n’omet pas de lier l’utilisation de l’IA à la bonne compréhension de la langue française, sachant que l’AFRIA, comme son nom l’indique, milite pour le développement de l’IA dans l’espace francophone, dont 33 pays d’Afrique utilisent le français. D’où, selon Amarger, d’élaborer “Une approche holistique de l’apprentissage des langues pour une IA“, et ce, pour :
- la compréhension de la grammaire,
- la compréhension du vocabulaire,
- la capacité à comprendre et à utiliser efficacement les nuances de la langue : culturelles et contextuelles.
La problématique de la donnée africaine :
“Les informations provenant des pays africains et des individus sur le continent ne représentent actuellement qu’une infime partie des données utilisées par les modèles d’IA.”, regrette Stéphane Amarger, ajoutant que “cela est un inconvénient pour l’utilisation de l’Afrique et le perfectionnement attendu de ses populations en la matière”
Incidemment, l’essor de la R&D (recherche et développement) en pâtit. Amarger, rappelle, à juste titre, que “60 % des chercheurs en IA de haut niveau se trouvent aux États-Unis, pas tous Américains, qui ont reçu près de 250 milliards de dollars de financement privé.”
Le “sans-emploi” : la peur des Africains d’ici 2030
A la lumière de ce qui précède, le financement ira là où les ressources humaines sont les plus compétentes. Moins de financement, c’est donc moins d’emplois; citant la Banque africaine de développement (BAD), le directeur de l’Innovation et des Financements de l’AFRIA, indique que ” la BAD a prévu que, en partie à cause des progrès technologiques, 100 millions de jeunes sur le continent seront incapables de trouver du travail d’ici 2030.“
L’IA : crée de l’emploi, plutôt qu’elle en supprime!
On peut conclure la synthèse de l’intervention de Stéphane Amarger “Enjeux et défis de l’IA en Afrique et dans l’espace francophone : vers une Afrique responsable et inclusive”, par ces trois propos :
- l’IA devra être déployée sous la forme d’outils utiles qui complèteront les travailleurs humains et amélioreront les résultats, plutôt que d’éliminer complètement le besoin de main-d’œuvre humaine;
- si la technologie est gérée correctement, l’ère de l’IA sera créatrice d’emplois plutôt que destructrice;
- l’éducation est clairement nécessaire pour s’assurer que les travailleurs sont bien positionnés pour capitaliser sur les opportunités offertes par l’IA.
A propos de l’AFRIA :
L’AFRIA a été, en 2019, à Paris en novembre 2019 au Centre des hautes études du Ministère de l’Intérieur (CHEMI, Maisons Alfort, France). Ensuite, elle élit siège, en août 2020, à Genève, en Suisse. L’AFRIA est une fondation d’utilité publique.
Sa mission : accompagner les pays du monde qui ont en partage la langue française et plus particulièrement les pays d’Afrique francophone dans l’intégration maîtrisée de l’intelligence artificielle et des technologies liées au numérique. L’essentiel pour l’IA est que ces technologies soient au service d’un développement à la fois intégral et durable des personnes et de l’écologie. AFRIA compte des Bureaux: Genève (siège), Paris et Cotonou (Bénin), mais depuis, 2021, elle en a également à Hanoi (Vietnam), Libreville (Gabon) Montréal (Québec).