Le développement régional fait les beaux jours des pays qui l’ont préconisé, et l’Entreprise y joue un rôle prépondérant.
A la réflexion, le décor campagnard n’est pas asynchrone avec l’implantation d’un investissement ultrasophistiqué, pourvu que le respect environnemental et la préservation du cachet rural soient de mise.
On peut apostropher du cheptel diversifié, paître prés d’une fabrication de produits destinés aux clients finaux. Sans que cela paraisse surréaliste !
En Algérie, les entreprises ne se développent pas régionalement, évoluant généralement, pour celles déjà implantées dans la capitale, dans la périphérie de celle-ci (Bouira, Blida, Tizi Ouzou, Boumerdes et Tipaza). Malheureusement.
Même les entreprises économiques publiques, bien avantagées par les subventions étatiques, ne s’épanouissent pas régionalement. Le privé, un peu mieux, surtout celui dont la fondation est régionale, tel Condor (Bordj Bou Arréridj), Iris (Sétif), Rayane (Annaba). Paradoxalement aussi, même les chefs d’entreprises issus d’une région rurale y investissent rarement, n’y lançant même pas une filiale relevant de leur investissement situé ailleurs.
A la lumière ce qui précède, on peut dire que les entreprises accentuent leur stratégie marketing, dirigent leur gestion de la relation client (customer relationship management ou ‘’CRM’’), orientent leur plan de communication globalement vers les clients basés dans les wilayas précitées. Le digital, sans figurer dans l’objectif initial, peut toutefois, avec son aspect décentralisée, cibler d’autres wilayas et même d’autres pays. Ce qui est rare.
Pourquoi les entreprises se désintéressent-elles de leurs unités régionales et surtout de wilaya ?
La question mérite d’être posée. D’autant que ce ne sont pas souvent les budgets qui manquent pour relooker leurs antennes locales et pourvoir ces dernières en ressources humaines (RH).
Il demeure étonnant que de grandes sociétés qui injectent en moyenne prés de 20 millions de DA pour un Salon, correspondant aux frais de location de l’espace, du design encombrant et des sandwichs (et autres amuse-gueules) servis au personnel assurant l’animation du stand et la réception des clients, trouvent des difficultés, financières surtout, de peindre convenablement leurs bureaux-si bureaux il y a-dans les wilayas de l’est, du sud ou de l’ouest du pays !
Les unités régionales de quelques sociétés nationales, faut-il le rappeler, sont presque en ruine, sorte de temple désaffecté, ne servant même pas à accueillir la campagne de promotion d’un site touristique !
Il n’y a pas de tout sans parties, et de parties sans tout
Les raisons de ce délaissement sont liées au raisonnement centralisé, devenue une norme nationale, un mode de gestion propre au système algérien : Tout se fait et se décide à Alger !
Certes l’écosystème dans la capitale est plus valorisant, attrayant et génère une plus-value sur les plans pécuniaire, relationnel et de positionnement national et international. L’événementiel y est plus rémunéré, mieux apprécié du fait de la qualité des visiteurs, telles les institutions étatiques, les ambassades, les Chambres nationales professionnelles, les rédactions nationales des medias tous supports confondus, le gotha des privés, les sortants des Ecoles et Instituts nationaux.
Mais les chefs des entreprises oublient un détail qui peut faire l’Histoire : le développement régional impacte durablement et extensivement l’avenir de leurs entités. De grandes nations auraient fait leur cette maxime de Blaise Pascale (philosophe et mathématicien français du 17ème siècle), « Je tiens impossible de connaître les parties, sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître les parties.»
Les medias : Le bel exemple
Le développement d’une entreprise reste tributaire de l’élan de toutes ses composantes : nationale, régionale et même communale.
Des journaux l’ont si bien adopté et ont gagné en visibilité : le correspondant local ou régional a contribué par des articles de proximité ou, pour reprendre le jargon journalistique, par ‘’La rubrique des chiens écrasés’’, à revoir à la hausse le tirage de son journal, augmentant son audience et, partant, faisant gagner en recettes publicitaires (Lettre ouverte de collectif de travailleurs, annonces classées) aux employeurs souvent oublieux, pour ne pas dire ingrats.
La Covid-19 : L’opportunité
La crise crée l’opportunité, dit-on. Pour les chinois et les japonais, crise est : Wei (danger) Ji (opportunité). Le Covid-19 est une crise sanitaire. Autant les groupes pharmaceutiques internationaux l’ont exploité pour la fabrication et la commercialisation du vaccin, les managers des entreprises devaient en faire un tremplin pour compenser le manque à gagner induit par les mesures de confinement, qui ont touché les grandes métropoles du pays, dont Alger. Tandis que d’autres wilayas sont épargnées de ces mêmes mesures, disposant ainsi de plus de plages horaires et offrant une aubaine indéniable à leurs maisons-mères pour se repositionner. Un déploiement du personnel et un renforcement des acquis dans les unités régionales, sont autant de facteurs de succès. L’emploi indirect est un dividende à tirer, car représentant au moins le triple des emplois directs pourvus. Ses avantages sont : le développement du transport et du réseau de distribution, le renforcement des structures d’hébergement et de restauration et, logiquement, combattre le chômage local. En clair, la dynamique économique aura à y gagner.
La volonté politique ?
Effectivement, elle est le socle de la réussite du développement régional. Mais elle peut aussi être boostée par le dynamisme entrepreneurial et le volontarisme des managers. Les autorités locales se trouvent ainsi devant le fait accompli : une entreprise qui grandit, ne doit être qu’encouragée.